[Le « Système » apparaît en France, dans les années 1880-1890. Il est le produit d’une convergence d’intérêt entre des idéaux et des capitaux, d’une union contre nature de l’universalisme républicain et de la vocation planétaire de l’oligarchie. Le républicanisme facilite la mondialisation en lui donnant un cadre théorique qui la légitime, et l’oligarchie construit un nouvel ordre mondial selon les principes dégagés par la République dès 1789. Le Système est un partenariat gagnant-gagnant, un monstre à deux têtes tueur de peuples].
La notion de « Système » est omniprésente dans le milieu réfractaire pour désigner habituellement l’ensemble des éléments qui concourent à la constitution d’une société métissée supranationale.
Pour le dictionnaire, un système est une « combinaison d’éléments réunis de manière à former un ensemble ». Par exemple, en matière d’immigration, nous voyons très clairement que le pouvoir politique, le pouvoir médiatique, le pouvoir économique, le pouvoir judiciaire, la puissance publique, les ligues « antiracistes » subventionnées, les milices d’extrême gauche ou les associations « d’aide aux sans papiers » »… sont réunies et forment un « ensemble » qui, chacun dans son domaine et avec ses moyens d’action, concourent au même but. Cet « ensemble » fonctionne comme un « système » à tuer notre peuple.
Néanmoins, cette définition succincte ne rend pas compte de la manière dont les différents éléments se coordonnent pour atteindre leur objectif. Lors de la phase de résistance populaire active au mariage homosexuel, nous avons très bien vu la collusion qui existait entre les médias, le gouvernement, les instances internationales (UE, ONU…), les forces de police, les grandes entreprises (de Disney à Goldman Sachs), les lobbies, la Justice… qui agissaient en système faisant barrage, mais nous serions bien en peine de dire comment et par quels moyens se combinaient ces différentes forces faisant « système ». Il nous manque à l’évidence un paramètre pour y répondre. Petit retour en arrière.
Le 28 juillet 1885, Jules Ferry fait un discours à l’Assemblée nationale dont l’objectif est de faire la promotion du colonialisme. Ce discours propose une union sacrée qui détermine, selon nous, la naissance du Système. Ferry, qui est un idéologue républicain assimilationniste s’adresse à une Chambre qui représente les intérêts oligarchiques de l’industrie, de la banque et du commerce (ci-dessous un extrait célèbre du Président interprété par Jean Gabin, voyez à partir de 5’). Il propose un contrat : grâce à l’entreprise coloniale, la République exportera ses « valeurs » et l’oligarchie ses produits. Au nom de la « grandeur nationale », la France, dindon de la farce, fournira la sueur et le sang pour mener le projet à son terme. Le colonialisme républicain scelle ainsi, sur le dos du peuple français, l’union sacrée entre des idéaux et des capitaux : c’est la naissance du Système.
A partir de ce moment, parce qu’ils y trouvent l’un et l’autre leur intérêt, les idéaux, âme du Système, et les « capitaux », corps du système, seront indissociables.
Si les capitaux appartiennent à l’oligarchie, les idéaux sont donc ceux de la République. Ces derniers peuvent se résumer à deux notions complémentaires qui structurent l’idée républicaine d’assimilation (au cœur de l’idéologie coloniale) : l’égalité et l’universalité.
La notion républicaine d’égalité est une pure escroquerie intellectuelle. Il ne s’agit pas d’égalité entre des hommes concrets, il s’agit d’une égalité entre hommes dénaturés ayant perdu par l’assimilation tout ce qui fait leur spécificité, leur « personnalité », leur « différence » (identitaire, sexuelle, religieuse, généalogique…). En physiologie, l’assimilation est le « processus par lequel les êtres vivants reconstituent leur propre substance à partir d’éléments puisés dans le milieu environnant et transformé par la digestion » (Larousse). Autrement dit, l’assimilation républicaine est le processus par lequel la République étend son empire colonial en rejetant comme simples excréments ce qui fait les hommes concrets, ce qui les différencie. La République ne reconnaît que l’Homme présent en chaque homme. Le Citoyen, c’est l’Homme à qui l’on a accordé des droits politiques. Nous parlons bien de « l’Homme » : pas l’homme ou la femme, pas le chrétien ou le musulman, pas le Français ou l’Algérien, pas le colonisateur ou le colonisé, pas le Blanc ou le Noir… « L’Homme » : c'est-à-dire ce qu’il reste de chaque homme quant on l’a débarrassé de ses encombrants caractères accidentels : son identité sexuelle, son identité culturelle, son appartenance lignagère. Les hommes amoindris et privés de ce qui fait le spécifiquement humain, réduis à un hypothétique « plus petit dénominateur commun », sont « égaux » comme des bûches coupées à la même longueur.
L’égalité républicaine qui ne voit que l’Homme caché en chaque homme, justifie la colonisation assimilatrice au nom du « devoir d’un aîné devant guider son cadet » vers les Lumières de la Civilisation. L’Homme universel justifie des principes universels (et inversement !) et la reductio ad tyranum de celui qui s’oppose au processus inévitable de leur hégémonie planétaire (qui devait se faire hier par la colonisation prétendument destructrice de tyrannies, qui doit se faire aujourd’hui par une mondialisation remettant en cause les « régimes non démocratiques », celui d’un Vladimir Poutine par exemple).
L’égalité républicaine justifie aussi l’interchangeabilité des individus désamarrés de leurs catégories et définis par leur seule fonction au sein de la mécanique sociale. Ni homme ni femme (donc équivalence de l’homosexualité et de l’hétérosexualité), ni Autochtone ni Allochtone (donc équivalence des droits), ni Blanc ni Noir (équivalence des lignées, qui « n’existent pas »), ni chrétien ni juif (la religion reste dans la sphère privée)… l’Homme est un être universel, standard, partout identique, partout être de raison, partout avide des idéaux universels de la Révolution, partout en attente de la Civilisation.
Au terme de l’assimilation, les peuples des colonies seront constitués (comme celui de métropole avec qui ils formeront une « nation unique », cf. Girault), d’individus identiques et calibrés qui auront une relation directe avec l’Etat. Au contraire du colonialisme britannique qui maintiendra et s’appuiera sur les structures d’encadrement traditionnelles des peuples colonisés (indirect rule), la doctrine colonialiste républicaine cherchera à atomiser les peuples colonisés afin que chaque individu, isolé de son groupe, donc fragilisé, ait une relation directe et personnelle avec le pouvoir républicain (destitution des chefferies…). Cette doctrine n’est que l’application des principes révolutionnaires qui entendent abolir les « corps intermédiaires » pour isoler l’individu face au pouvoir d’Etat. A terme tout ce qui agrège l’individu à d’autres individus, le distingue et le protège du pouvoir absolu de l’Etat est destiné à disparaître : l’Eglise, la famille, la nation, les communautés, les identités, les appartenances naturelles (à un sexe par exemple)…
En résumé, les idéaux de la République tels qu’ils sont « vendus » à l’oligarchie par Ferry et le « parti colonial », affirment l’Homme comme un être identique en tout lieu, « assimilable » par un standard universel, interchangeable, dont l’identité peut se réduire à une citoyenneté accessible à tous, dont les références culturelles ou les croyances religieuses sont regardées comme inessentielles, dont les structures traditionnelles d’appartenance (famille, clan, communauté, Eglise, peuple…) sont destiné à disparaître dans un individualisme généralisé, dont le destin est d’être un clone perdu au milieu d’une foule transcontinentale de semblables, dont l’avenir doit se construire dans une République universelle sans frontières.
On comprend bien que l’oligarchie trouve son avantage dans une telle idéologie. Au nom de la civilisation, de l’Homme, de l’assimilation, Ferry lui propose des « débouchés », le libre échange et des millions d’hommes réduits à être des consommateurs. Quelle aubaine : elle se fera une virginité morale tout en faisant de juteuses affaires !
Les idéaux républicains sont en totale adéquation avec les intérêts oligarchiques.
L’oligarchie préfère l’Homme aux hommes : elle fournira du standard à des hommes standards.
L’oligarchie a intérêt à ce que les religions, les nations, les cultures… qui distraient de la consommation, qui distinguent les hommes et parasitent les affaires disparaissent.
L’oligarchie a intérêt à une organisation rationnelle et mécanique de l’espace social, à une citoyenneté égalitaire émiettant les solidarités de groupe, à une disparition des contre-pouvoirs qui rassemblent : la famille, les Eglises, les nations, les corporations… On manipule plus facilement des citoyens isolés et des foules que des groupes constitués et des peuples.
En bref, l’oligarchie a intérêt à un monde unifié et sans frontière, à un Homme standardisé et interchangeable, à une société prévisible fonctionnant rationnellement comme une ruche ou une termitière : c’est précisément ce que lui offrent les idéaux de la révolution française et les perspectives d’une « république universelle ». C’est ce que lui offre Ferry le 28 juillet 1885.
Grâce au colonialisme républicain, l’oligarchie se dote donc d’une idéologie qui légitime moralement ses entreprises. L’oligarchie deviendra majoritairement anglo-saxonne mais ne remettra jamais en cause ce pacte sacré.
Une étude de l’Institut fédéral de Zurich montre que 737 « entités » (banque, groupes industriels, sociétés d’assurance…) contrôlent 80 % des 43 000 multinationales de la planète. Ces « entités » contrôlent mécaniquement l’ensemble des médias, l’ensemble des banques qui financent les partis politiques, l’ensemble de la dette des Etats. Elles sont les véritables « maîtres du monde ».
Cette oligarchie transnationale œuvre actuellement à la mondialisation. Cette mondialisation a un aspect économique qui intéresse directement les multinationales (libéralisation et expansion des échanges, utilisation et transfert de main d’œuvre bon marché, accès à des fiscalités avantageuses, délocalisations, unification réglementaire…) mais aussi un indéniable aspect idéologique qui la légitime et la structure. La mondialisation est indissociable d’un discours qui met en avant l’Homme, la « diversité », la démocratie, l’égalité, la liberté, l’interchangeabilité des êtres humains et des sexes, l’universalité, la nécessité d’une sorte de « république universelle » sous la direction d’une « gouvernance mondiale »… Les « valeurs » de la mondialisation recoupent exactement les « valeurs » de la République. Ses rejets se recoupent aussi : la mondialisation exècre les « corps intermédiaires » que sont les peuples enracinés, les religions structurantes, les cultures « nationales ». Elle hait ce qui spécifique et distingue les hommes, elle exècre ce qui sépare, ce qui différencie, ce qui réparti (les rôles sociaux masculin et féminin par exemple). Contre les identités, la mondialisation propose le métissage. Contre l’enracinement des peuples, la mondialisation propose la migration des populations. Contre les appartenances, la mondialisation propose l’émancipation. Contre les sexes, la mondialisation propose le genre. Contre les hommes concrets, la mondialisation propose l’Homme abstrait. Contre le Français de souche, elle propose le Citoyen universel. Il n’y a rien qui, dans le discours officiel des instances mondialistes (Davos, Bilderberg, Trilatérale, le Siècle..), dans les « valeurs » transmises par les médias (contrôlés par l’oligarchie), la publicité (idem), le cinéma (idem), les chargés de communication des entreprises, des banques, des assurances (idem)…, puisse heurter la susceptibilité d’un républicain. La mondialisation véhicule les « valeurs » du républicain, sa conception du monde, son désir d’un monde pacifié, transformé en une termitière autorégulée. Georges Soros a les mêmes « valeurs » que Manuel Valls, l’un et l’autre pensent la même chose, rêvent au même monde et œuvrent objectivement de conserve.
C’est la colonisation républicaine qui inaugure cette union sacrée entre l’universalisme républicain et le mondialisme oligarchique. Le premier apporte un cadre théorique et un modèle d’organisation, le second les moyens financiers pour le mettre en œuvre. Le premier fournit le logiciel et le programme, le second fournit l’unité centrale et les périphériques. Le tout fait le Système.
Le Système, tel que nous le définissons, s’organise et évolue selon des principes hérités du républicanisme. Il met en œuvre des éléments programmés pour fonctionner et se coordonner mécaniquement selon ses principes. L’oligarchie a intérêt à s’appuyer sur les « valeurs » du républicanisme, à en faire la promotion et à détruire tout ce qui lui fait obstacle. C’est la raison pour laquelle, si l’on reprend notre exemple du mariage homosexuel, tous les éléments du Système ont « spontanément » obéi à leur logiciel constitutif et se sont ligués contre la Résistance, sans que nulle intervention secrète ne soit nécessaire, sans « main cachée » pour les manœuvrer.
Le Système est donc effectivement comme le veut le dictionnaire un « ensemble d’éléments réunis de manière à former un ensemble ». Ajoutons que, bien qu’il n’ait pas de tête, cet ensemble d’éléments fonctionne et se coordonne grâce à une logiciel commun fournit par la République « française » dès les années 1880-1890.
Le Système est l’union contre nature d’un idéal et du capital. Il domine et organise tout l’Occident pour le plus grand bénéfice d’une oligarchie sans scrupule et selon un schéma et des principes politiques hérités de la Révolution. La République a donc produit le « Système », elle en est aussi une incarnation.
Antonin Campana