Pour lutter contre les discriminations François Hollande vient de s’engager à rendre prochainement possible « l’action de groupe » équivalent du « class action » à l’américaine. Ce recours collectif sera largement utilisé contre des autochtones et ne vise en fait qu’à affaiblir le peuple autochtone et à lui faire céder des places, en attendant qu’il cède la place.
C’est madame Taubira et le Conseil Représentatif des Associations Noires (CRAN) qui sont à l’origine du projet. Depuis 2012, le CRAN travaille activement sur le sujet. Un article de Caraïb Créole News nous apprend que le CRAN a été en contact avec des députés, est intervenu à l’Assemblée, a eu des rendez-vous à l’Elysée, a formé des groupes de travail dans les ministères et a pu ainsi mener à bien un « long travail de plaidoyer ».
Cette réussite indéniable appelle pour le moins deux constats et dégage une ligne d’action évidente.
Premier constat : le CRAN est suffisamment influent pour être écouté et respecté par les diverses instances républicaines. Le peuple autochtone de ce pays ne dispose pas d’un moyen de représentation équivalent. La fraction consciente du peuple autochtone combat en ordre dispersé, pour telle ou telle chapelle, pour tel ou tel ego, mais est incapable de se réunir pour défendre les intérêts communs. Avant d’accuser ou de se lamenter, une autocritique s’impose.
Deuxième constat : le peuple autochtone subit un racisme structurel : son existence est niée, son histoire falsifiée est prétexte à culpabilisations, les discriminations dont il peut faire l’objet sont jugées « positives », il subit une inégalité systémique. Pourtant, il sera de nouveau la victime émissaire de ces futurs « actions de groupe ».
Ici les Autochtones ont deux solutions : ils accusent et se lamentent, ou ils se servent des nouvelles dispositions légales pour défendre leur droit à l’existence et au respect. Le fait que les Autochtones subissent une discrimination structurelle représente bien entendu un désavantage mais aussi, un énorme avantage : la lutte pour les droits civiques est apte à les unir par delà leurs différences et constitue la ligne d’action nécessaire.
Notre gros problème est que nous soyons intimement persuadés, par pur conditionnement, que les ministres, l’Assemblée et le Président, NOUS représentent. Cela est faux : la République ne représente qu’elle-même. Cela génère une incapacité à poser correctement les problèmes. Nous ne voyons pas, par exemple, que cet accueil dont ont bénéficié les représentants des populations noires à l’Assemblée, à l’Elysée et dans les ministères, tranche radicalement avec la négation ouverte du peuple autochtone de France et constitue déjà une discrimination structurelle. L’inégalité de traitement, pourtant explicite dans les textes, entre les citoyens Français d’outre-mer jouissant de droits collectifs particuliers et les citoyens Autochtones qui ne peuvent même pas se dire « Français de souche », constitue elle-aussi une discrimination structurelle, directe et légale. Les autochtones de ce pays, méprisés par les instances politiques, sont devenus des citoyens de seconde zone.
C’est pourquoi nous pouvons et nous devons nous servir de la loi sur l’action de groupe pour revendiquer l’égalité des droits, faire cesser ces discriminations, être reconnu comme peuple à part entière, libre de disposer de lui-même conformément aux textes internationaux signés par la République.
La loi sur le recours collectif en matière de discriminations peut se retourner contre le Système. Dans l’esprit, elle est certes un moyen de refoulement des Autochtones. Dans la lettre, elle peut être un moyen de libération. Si nous le voulons, demain, ce sont nos représentants qui seront reçus à l’Elysée, à l’Assemblée ou dans les ministères. La lutte pour le droit à l’existence, pour les droits civiques et pour l’égalité de traitement entre les citoyens de la République est notre voie royale pour l’émancipation. Il est temps maintenant de l’emprunter.
Antonin Campana