Hier soir, sur Antenne 2, j’apprends qu’un cimetière juif a été profané. Des dizaines de tombes ont subis l’outrage de quelques imbéciles. On rapporte longuement l’information, on y revient même en fin de journal. Fort bien, car une telle chose est inadmissible : les morts sont sacrés et je me sens totalement solidaire des familles. J’imagine la douleur qu’elles doivent ressentir devant cet acte immonde et d’une lâcheté inouïe.
Cependant il me vient à l’esprit que quelques jours auparavant, dans l’indifférence générale, des tombes chrétiennes ont été profanées, des plaques funéraires ont été jetées dans des conteneurs ensuite incendiés, un drapeau tricolore a été arraché, et la sépulture de verre d’un ancien combattant vandalisée. Cette ignominie n’a pas eu l’honneur des infos de 20 heures, à peine trouve-t-on un communiqué laconique dans certains journaux. Pour le seul mois de janvier, selon l’Observatoire de la christianophobie, 45 actes ont été commis en France contre des lieux de culte, des églises, des écoles ou des symboles chrétiens… Des tombes chrétiennes ont été profanées en plusieurs lieux, certaines églises ont été souillées, d’autres ont subi des jets de pavés ou des tentatives d’incendie, des crèches ont été saccagées, des statues brisées… tout cela dans le plus assourdissant silence médiatique.
Sur le territoire français, il y a une profanation tous les deux jours « très majoritairement des tombes chrétiennes ou des églises », selon la Gendarmerie. En 2012, il y a eu, selon le ministère de l’intérieur, 667 atteintes aux édifices religieux et aux sépultures, dont 81,4% concernait des sites chrétiens (543 atteintes en 2012, soit 16 de plus qu’en 2011 et… 268 de plus qu’en 2008 !) : en avez-vous entendu parler ?
Pourquoi ce déséquilibre dans l’information ? Pourquoi cette inégalité devant la mort ? Pourquoi certains morts seraient-ils plus sacrés que d’autres et mériteraient que l’on s’intéresse davantage à eux ? J’en vois certains pointer du doigt l’influence supposée de certaine communauté ou de certains lobbies : c’est un peu trop facile !
Si une église chrétienne a moins d’importance médiatique qu’une synagogue ou qu’une mosquée, si une tombe chrétienne profanée est médiatiquement moins insupportable qu’une tombe musulmane ou juive, c’est tout simplement de notre faute. N’imputons pas aux autres ce qui relève de notre propre responsabilité. Car enfin, si nos morts ne comptent pas, ou presque pas, si nos églises n’ont guère d’importance, c’est que nous n’avons ni le courage de les défendre, ni même la volonté de montrer la valeur qu’ils ont à nos yeux. Les plus courageux d’entre nous occupent une place sur la ligne de défense de notre peuple, mais, trop soucieux de tenir leur propre position, en oublient les autres et combattent en ordre dispersé comme nos ancêtres de jadis. Le résultat, nous le voyons. Pourtant, n’avons-nous pas des intérêts communs à défendre, un héritage commun à protéger, un destin commun à forger par delà nos différences ? Sommes-nous si Gaulois que nous sommes incapables de coordonner nos efforts tous ensemble, ne serait-ce que pour défendre la mémoire de nos morts et la sainteté de nos lieux de culte? Qu’attendons-nous pour fédérer nos énergies comme le font les autres ?
Désolé d’en arriver à cette conclusion, mais le mépris avec lequel les médias traitent les autochtones de ce pays est un mépris mérité. Si leurs morts ne comptent pas, ou comptent moins, c’est qu’ils sont incapables de s’unir pour défendre ensemble leur mémoire. Alors oui, un cimetière juif a été souillé, malédiction sur les profanateurs. Alors oui, on en a parlé, et c’est très bien. Alors oui, on a « oublié » les tombes chrétiennes de Sevran et d’ailleurs, et c’est normal !
Il ne tenait qu’à nous.
Antonin Campana