Décidément Manuel Valls ne nous aime guère. Après son éructation sur l’apartheid qui dénonçait ceux qui ont la « bonne couleur de peau » et le « bon nom de famille » (suivez mon regard), le voilà qu’il récidive en prétendant que les chrétiens ont moins de valeur pour la « France » que les juifs :
« Le départ de cent mille juifs infligerait un coup plus dur à la France que celui de cent mille chrétiens » (propos rapportés par l’écrivain israélien Avraham B. Yehoshua, le 22 janvier dernier dans une tribune de Libération).
La question, au-delà de l’absurdité du propos, voire de son aspect cirage de pompes, est de savoir si Valls se serait permis une affirmation du genre :
« Le départ de cent mille juifs infligerait un coup plus dur à la France que celui de cent mille musulmans »
Ou même, soyons fous :
« Le départ de cent mille chrétiens infligerait un coup plus dur à la France que celui de cent mille musulmans »
On sait bien que l’homme est trop « réfléchi » pour se risquer à provoquer les musulmans, paix sociale, et carrière politique obligent. On sait bien qu’il se doute avec raison que cela déclencherait immédiatement l’hystérie médiatique, l’embrasement des ligues antiracistes, la vertueuse indignation de tous ceux et celles qui comptent dans la bien pensance et le politiquement correct, évêques de France en tête. Quand on n’a pas les tripes, il est plus facile de s’attaquer aux faibles.
Imaginons maintenant qu’un ami de Valls, en plus couillu, mettons Dieudonné, lâche sans le vouloir, entre deux convocations à la 17e Chambre Correctionnelle de Paris :
« Le départ de cent mille musulmans infligerait un coup plus dur à la France que celui de cent mille juifs»
Valls, tel un jeune coq offensé, ne serait-il pas le premier à courir sus à l’antisémitisme et au retour de la bête immonde ? Il aurait sans doute raison. Mais alors…
Mais alors, ce qui est vrai pour les uns ne le serait pas pour les autres ? Ce qui est raciste pour les uns ne le serait pas pour les autres ? Je pourrais en toute impunité « stigmatiser » les chrétiens (car il s’agit bien de cela) et pas les musulmans ou les juifs ? Ce déni de réciprocité n’est-il pas du racisme ?
La déclaration de Valls n’est pas raciste, elle est sotte. Ce qui est raciste c’est de considérer qu’il serait raciste d’en modifier ou d’en inverser les termes.
Il serait trop facile cependant d’évacuer nos propres responsabilités dans ce déluge continuel de propos « stigmatisants » qui s’abat sur nous. Il revient aux Autochtones de se remettre en question.
Pourquoi le pouvoir d’Etat peut-il les discriminer quasi-officiellement en matière d’emploi (discrimination « positive ») ? Pourquoi peut-on raconter des blagues racistes sur les blondes, ou les blonds, sans être inquiété (et pas sur les « crépues » par exemple) ? Pourquoi peut-on sans vergogne imputer aux chrétiens les attentats islamistes ? Pourquoi peut-on accuser les Autochtones de pratiquer un apartheid qu’ils subissent aussi ? Pourquoi peut-on impunément nous bafouer, nous humilier, nous salir ?
Ne sombrons pas dans la facilité d’une conscience victimaire. Si Valls nous humilie, c’est qu’il peut se le permettre, et s’il peut se le permettre c’est que nous n’avons pas le courage de lui opposer un « niet ». Nous sommes les premiers responsables de cette situation par notre incapacité à faire valoir nos droits, parce qu’ils sont lâches et qu’ils savent que nous tendrons l’autre joue, parce qu’ils se croient des maîtres et que nous agissons comme des esclaves. Ils nous piétinent et nous demandons pardon. Ils se croient forts et nous nous pensons faibles, alors que c’est l’inverse qui est vrai. Ils ne sont RIEN ! Valls n’est RIEN ! Si le vent de l’Histoire se lève, ils s’envoleront tous comme des fétus de paille.
Racine disait que le « plus grand fruit de la persécution, c’est l’humiliation ». Camus ajoutait que de l’humiliation naît la haine.
De l’humiliation renaissent aussi les peuples : nous arrivons !
Antonin Campana