Selon le dictionnaire, un autochtone est « l’originaire par voie ancestrale du pays qu’il habite » (Larousse). L’ensemble des autochtones de même origine forme un « peuple autochtone ».
Selon le Haut Commissariat aux droits de l’homme Les peuples autochtones, ou peuples indigènes, seraient « les descendants de ceux qui habitaient dans un pays ou une région géographique à l'époque où des groupes de population de cultures ou d'origines ethniques différentes y sont arrivés et sont devenus par la suite prédominants, par la conquête, l'occupation, la colonisation ou d'autres moyens » (1)
Cette définition, qui correspond assez bien à notre situation, est néanmoins inappropriée car elle fait dépendre l’autochtonie d’une part de la venue de populations étrangères, d’autre part de la prédominance de ces dernières. Or l’autochtonie, en tant que réalité antérieure à la venue de populations étrangères, ne peut par définition dépendre de la venue ou non de ces populations. Ainsi ce ne sont pas les Français qui ont fait des Kanaks des autochtones de Nouvelle-Calédonie : ils l’étaient bien avant leur arrivée. De la même manière, les relations avec les populations étrangères (prédominance, égalité, conflit….) ne modifie en rien le caractère autochtone des populations d’origine (et allochtone des populations étrangères).
L’objectif des textes internationaux sur les peuples autochtones est de défendre les droits des peuples autochtones lorsque ceux-ci vivent dans des Etats qui ne les reconnaissent pas pleinement (d’où la relation maladroite qui est faite entre l’autochtonie et la situation de dominé).
Il va de soi, selon ces textes, que les autochtones peuvent participer à la vie politique, économique, sociale ou culturelle de l’Etat (art. 5 de la Déclaration des Nations Unies (2), avoir la « citoyenneté » de l’Etat dans lequel ils vivent (art. 33), mais cela ne suffit pas, et la Déclaration énumère un certain nombre de droits collectifs que les Etats doivent accorder aux autochtones (droit notamment d’appartenir à une nation autochtone reconnue).
Si nous ramenons tout ce qui précède au cas Européen, nous pouvons tirer les conclusions suivantes :
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Indubitablement, les Européens sont originaires par voie ancestrales de l’Europe. Ce sont donc des autochtones d’Europe. Les Européens, appelés Français, de culture française, habitant la construction politique (au périmètre aléatoire et changeant) appelée « France », sont les autochtones de France (nous y reviendrons).
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La « citoyenneté » accordée aux autochtones de France, comme d’ailleurs aux non autochtones, ainsi qui les droits associés à cette citoyenneté, ne peuvent être invoqués par l’Etat pour refuser les droits autochtones tels que définis dans la Déclaration des Nations Unies signée par la France.Le fait d’être citoyen d’un Etat donne des droits au sein de l’Etat, mais n’enlève aucun des droits spécifiques relatifs aux autochtones (Déclaration, art. 33)
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Conformément aux principes énoncés parla Déclaration, l’ensemble des autochtonesforment un « peuple distinct » de la communauté étatique (art.8). Ceci est donc valable pour les autochtones de France.
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Ce peuple distinct de la communauté civique étatique ne dispose pas en France de tous les droits d’un peuple libre (auquel cas les dispositions de la Déclarations seraient superfétatoires). En effet :
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Le peuple autochtone n’est pas reconnu par la République, voire nié
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Il n’a aucune instance représentative
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Il est englobé dans une communauté dite nationale, de plus en plus composée de populations étrangères, dont il sera à terme minoritaire et dont les intérêts globaux sont de plus en plus contraires à ses propres intérêts.
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Il est dominé par un Etat républicain qui prétend se bâtir sur des principes « universels » convenant à tous, qui ne sont donc pas ceux, identitaires et spécifiques, du peuple autochtone.
En vertu de ce qui précède, refuser l’autochtonie aux Européens est contraire aux faits : c’est un déni de réalité. Les Européens sont bien les autochtones d’Europe !
Justifier par ce déni arbitraire l’interdiction qui est faite aux Européens de pouvoir bénéficier des droits des peuples autochtones est une discrimination sans fondement, une injustice historique et du racisme avéré (déni de réciprocité).
La vérité est que les autochtones européens de France sont dans la situation dramatique de tous les peuples autochtones de la planète :
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L’Etat ne les reconnaît pas et par conséquent ne leur accorde aucun droit collectif
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Ils subissent un processus d’assimilation forcée dans une société mondialisée
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Ils subissent un processus de remplacement par des populations étrangères de plus en plus nombreuses
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Ils subissent un processus d’effacement de leur mémoire et de leur identité
En tant que Français de souche, nous sommes les autochtones de France, pas les représentants d’une sous-humanité qu’on pourrait ignorer. Réclamons pour notre peuple autochtone l’application de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Notre combat est là : obtenons notre libération finale en faisant valoir nos droits pied à pied, article de la Déclaration après article de la Déclaration !
Antoni Campana